Luis Buñuel, 1928
« Le bruit court que le ministre de l’Instruction publique va interdire dorénavant toute sorte d’information cinématographique et même, à ce qu’on dit, de revues consacrées au septième art. Il semblerait que le Ministre les accuse d’être pornographiques, d’abêtir le goût du public, d’alimenter l’idiotique banalité des admirateurs et admiratrices des stars, d’attenter continuellement à l’intelligence de la masse. Il a imposé de grosses amendes à d’importants journaux, parce que selon lui, et vu le caractère de sérieux dont ils se prévalaient, l’insertion de pages pornographiques aussi viles était immorale. Pour corroborer ces informations, nous avons appris hier que Baltasar Fernández a été arrêté à son domicile. Nous protestons énergiquement contre des dispositions draconiennes et nous renvoyons les non-initiés à la lecture d’une quelconque revue professionnelle, ou à la page cinéma de l’un quelconque de nos grands journaux. Le lecteur jugera de l’injustice des dispositions ministérielles. »
Luis Buñuel, « Nouvelles d’Hollywood (dernière minute) » [La Gaceta Literaria, 1928],
in Le chien andalou et autres textes poétiques, Poésie/Gallimard 2022,
traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu.