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3 novembre 2022

Les filles de Ka ma ré / Une petite culotte pour l'été

ka ma ré 2

[Un grand merci à Nicole Brenez qui a retrouvé ces documents, et à JiPé qui me les fait suivre - voir plus bas]

ka ma ré 1

« Retrouvé par Nicole Brenez, en 2022, ce tract de décembre 1974 reproduit l’affiche qui fut interdite par le CNC (sa commission de censure) lors de la sortie au cinéma Le Galande (exploité par Gaston Douvin). Sous le double titre Une petite culotte pour l’été et/ou Les filles de Ka Ma Ré, il s’agit du second détournement (intégral) par René Viénet d’un film asiatique. Le premier avait été La dialectique peut-elle casser des briques ? Cet autre détournement d’un film dans son intégralité est un peu plus bavard que le précédent (800 sous-titres, contre 417), et truffé de réminiscences et/ou citations elles-mêmes souvent détournées, que les situs avaient cruellement dispensées avant et pendant Mai-68, contre les maoïstes, les trotskystes, les staliniens, et autres disciples fanatiques des sanguinocrates de la révolution française – en profitant de dialogues plus denses dans l’original japonais de Suzuki Noribumi que dans le sympathique nanar hongkongais.

Avec un demi-siècle d’avance, ce film se gausse de Sandrine Rousseau, la furie des éoliennes et l’égérie des lécheuses de guillotine et de chantre du wokisme, qui n’était pas encore née: le résumé du film était « L’affrontement épique au Japon entre des vaginales bakouninistes et des clitoridiennes marxistes », et son slogan (en répartie à la proclamation du ministre Poniatowski « Il n’y aura pas d’alibi artistique à la pornographie »): ENFIN DU CUL SUBVERSIF SANS ALIBI ARTISTIQUE !

Sugimoto Miki, à peine sortie de l’adolescence, avant de devenir directrice d’une école maternelle après une carrière bien remplie de comédienne pendant trois années pour la Toei, a laissé un souvenir ému à tous les cinéphiles japonais, et à quelques Parisiens. Elle avait été l’affriolante épouse du Daimyo bande mou, autre titre des Contes de la bite molle après l’orgasme (également de Suzuki Noribumi). Par la suite des milliers de bambins japonais ont donc bénéficié de sa beauté et de ses talents. On rêve d’avoir eu une telle maîtresse dès la maternelle.

En 1974, Viénet n’a pas encore réalisé son Chinois, encore un effort pour être révolutionnaires ! Il en a déjà ras-le-bol des écolos-à-la-mord-moi-le-nœud, mais sa cible principale ce sont les maos, en particulier les cathos-maos. Comme il souhaite inscrire un cliquet de plus dans le détournement, avec quelques complices, il tourne quelques inserts hard, dont la célébrissime séquence où – sous les fesses émouvantes d’une charmante jeune femme (qui prend son pied avec un Asiatique parisien bien membré) – les secousses de l’orgasme dégagent – peu à peu – sous ces admirables fesses de l’héroïne – le dos du livre qui venait de paraître chez 10-18, Révo cul dans la Chine pop. Dans la salle du Galande, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame et de la Mutualité, ce fut, au rythme de six séances par jour, le délire pendant cette séquence et quelques autres. Initialement, ce livre (devenu instantanément un classique) devait être publié chez Champ libre, l’éditeur qui le rejettera à l’état des ultimes épreuves, du bon à tirer. Près de 30000 spectateurs furent ainsi secoués de bonheur. Il faut se souvenir que les crypto-staliniens, souvent anciens-cathos comme Althusser, Chesneaux, Boudarel, Domenach-le-fils, et tant d’autres, étaient des peine-à-jouir. Gonflés de leurs temps-morts, ils ne jouissaient pas alors sans entraves. Le cul à l’époque les embarrassait et les intimidait. Badiou aura toujours préféré le sang au stupre, le piquant des barbelés à la luxure.

Dans le furo (bain japonais) de la maison de correction pour adolescentes qui est au cœur du film, prétexte à dénuder les jeunes détenues, Sugimoto Miki laisse voir une paire de couilles qui abasourdit les petites matonnes – qui sont fanatiques de la crapuleuse Simone de Beauvoir, car elles sont les auxiliaires des gardiens de prison guévaristes et de leurs directeurs structuralistes. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Bernard Kouchner n’a pas été le premier admirateur parisien des gardiens de prison castristes. Il fut précédé par Sartre et Beauvoir, les glorieuses glaires du philo-stalinisme parisien. Ce film vomit donc sur toutes sortes de petites gloires maolâtres ou trostkoïdes parisiennes qui n’étaient pas encore devenues ministres ou députés. Il a donc plutôt bien vieilli et conservé sa charge émotionnelle et critique. »

Wei Yan Nian, novembre 2022.

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