Nos films préférés en 2022 : Thomas Gombowhicks
Once again, nous allons savamment doser un snobisme insupportable et des goûts douteux assumés avec une morgue incroyable mais qui a le mérite d’être sèche.
Nos plus belles découvertes de l’année, hors films de 2022 – ce top parade se faisant en d’autres lieux (radiophoniques). Sans hiérarchie, ni ordre particulier.
~
Huo shao hong lian si [Le Temple du Lotus Rouge/Burning Paradise], Ringo Lam (Hong Kong, 1994).
Un des sommets du wu xia pian made in HK, avant le départ de Ringo Lam pour les États-Unis.
Résolument fabuleux et réjouissant.
La Passe du Diable, Jacques Dupont et Pierre Schoendoerffer (France, 1958)
Kessel au texte et à la narration, Schoendoerffer à l’image (et le plus expérimenté Dupont en soutien), pour célébrer un Afghanistan sans doute fantasmé, et ses traditions sportives. Caractère désormais historique de ses images d’un pays constamment meurtri.
Smoke, Wayne Wang (Allemagne/États-Unis, 1995)
Un film dans lequel on voudrait habiter. Harvey Keitel est sans doute le plus grand de sa génération.
The strong, tough, sensitive type.
The Firm, Alan Clarke (Royaume-Uni, 1989)
War on the Terraces, chantaient les Cockney Rejects
et qui pourrait servir de sous-titres au terrifiant film de Clarke.
Fata Morgana, Werner Herzog (Allemagne, 1971)
Visionnages et re-visionnages compulsifs des documentaires des König Werner en 2022.
Une Histoire de l’Humanité, comme racontée après une Apocalypse.
L’Indomptable Feu du printemps [This Is Not a Burial, It’s a Resurrection],
Lemohang Jeremiah Mosese (Afrique du Sud/Lesotho, 2019)
Résistance face aux progrès du capitalisme tardif, à l’oppression moderniste et aux saccages du Monde des Anciens. Encore une fois, un choix, survivre ou résister ?
Chulas Fronteras et I Went to the Dance [J’ai été au bal],
Les Blank & Chris Strachwitz (États-Unis, 1976 et 1989)
Aux sources des musiques tex mex (conjunto) et cajun (cadienne et zydeco), par ceux qui en perpétuent la mémoire et les traditions. Ou comment la musique crée une communauté de résistance.
La Peau trouée, Julien Samani (France, 2004)
Quinze jours en mer avec des marins pêcheurs. Rudesse du travail, élégie de la violence de la pêche, contre vents et marées, et mutisme.
Des morts, Thierry Zéno, Jean-Pol Ferbus, Dominique Garny (Belgique/France, 1979)
Petit tour du monde (entre 1975 et 1978) pour se focaliser sur différents rites et cérémonies mortuaires, comme au Népal ou au Mexique. Captation du réel putride et d’une mort presqu’en direct. Sans jamais tomber dans l’ignominieuse crapulerie racoleuse des mondo movies de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, le film prend une saine distance et fascine – mais faut pas avoir l’estomac en pâte à crêpes quand même.
Docteur Petiot, Christian de Chalonge (France, 1990)
Surprenant metteur que Chalonge, formaliste certain qui dans cette adaptation du fait divers criminel de la seconde guerre mondiale emprunte grandement au cinéma allemand de l’avant-guerre (gigantesques décors oppressants, photographie tranchante, Michel Serrault caligari-sé) et donne un caractère langien à son atmosphère dans un Paris déserté.
Yángguāng Cànlàn De Rìzi [In the Heat of the Sun], Jiang Wen (Chine, 1994)
Il était une fois à Pékin. Un été sans adultes en pleine Révolution culturelle et l’apprentissage de la fin des illusions et du poids de l’histoire.
Nostalgia de la luz [Nostalgie de la lumière], Patricio Guzman (Chili/France, 2010)
Souvenirs des morts de la dictature de Pinochet et souvenirs des étoiles qui s’entremêlent et se choquent dans le film magnifique de Guzman, pour ce qui reste un des plus beaux hommages cinématographiques aux mémoires de l’histoire.
Blast of Silence, Allen Baron (États-Unis, 1961)
Film noir étonnant, d’une sécheresse et d’une ligne directrice impeccables. Petit chef-d’œuvre.
La Petite Amie d’Antonio, Manuel Poirier (France, 1992)
Premier long métrage du rare Manuel Poirier, cinéaste en marge et hargneux dans son romantisme et ses déambulations.