Bernard Chardère 1930-2023
« En plein Sahara, dans les années cinquante, à quoi pensions-nous donc, nouveaux Tartarins ? A corriger les épreuves des prochains numéro d'une NRF du cinéma, aux épuisantes et inépuisables discussions des ciné-clubs, à montrer sur l´écran quelque révolte oubliée, à lire d´autres livres encore pour polémiquer mieux – sans parler des images de ces quatre cents films qui s´entremêlaient en un montage sans cesse recommencé. Pensions-nous raconter un jour... mais quoi, grands dieux ! Que si c´était à refaire, nous ne choisirions pas autre chose: aimer, vivre avec le cinéma. » [Extrait de Figurez-vous qu'un soir, en plein Sahara..., Institut Lumière/Actes Sud, 1992.]
J'apprends avec tristesse la mort du Lyonnais Bernard Chardère, ce formidâble fou de cinéma d'une infinie générosité, qui fut à l'origine de l'Institut Lumière (il en fut le premier directeur), créa Premier Plan et Positif - qui sera une des revues françaises de cinéma les plus importantes, "défendant contre vents et marée Luis Bunuel et Jean Vigo, le surréalisme sur les écrans et le cinéma de mauvais genre, et l'idée que le cinéma ne devait jamais cesser d'être politique".
« Bernard Chardère a été un des personnages les plus importants de ma vie de cinéphile. Il m’a aidé à me défaire de l'influence unique, celle des Cahiers du cinéma. Il m’a montré (comme Jean Louis Chichin dit Pays avant lui) que l'on pouvait être libertaire et avoir une magnifique vision du cinéma. C’était enfin quelqu’un avec qui j’aimais deviser. Si je croyais au ciel (et malheureusement je n’y crois pas), j’aimerais penser qu’il a rejoint Alice qui lui manquait tant. Aujourd'hui je pleure un ami. » (Édouard Waintrop, FB)
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Le Frankenstein de Jean-Pierre Bouyxou (1969)