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le vieux monde qui n'en finit pas
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11 novembre 2023

Jean-Pierre Verheggen

Il y a quarante-cinq ans, Tahar Ben Jelloun écrivait ceci à propos du Degré zorro de l’écriture. « Avec une horde de mots taillés dans la terre wallonne, Jean-Pierre Verheggen est monté sur le front du déluge. De ces mots, il a fait un vaste orage intérieur qui s'abat sur le territoire plat, en pluie de petites étoiles dingues. Ainsi, en "dernier extrémiste", il parle du côté de la mort, celle de la langue, celle qui se dépose en voile d'illusion sur la vie, celle qui arrête le rire, celle enfin qui surgit pour interrompre le bal des mots et des images. Le grand Jean-Pierre est un arbre. C'est un chameau. Il voyage avec plein de poèmes dans les poches, dans la tête, dans les tripes. Il a aussi un sac de jute trouvé dans une forêt. Il le remplit de syllabes et de rimes. Quand il rencontre l'ami, il plonge sa main dans le sac et en sort un poème, un poème comme ça, "pour des prunes". Ses amis les plus proches, ce sont des arbres qui ont une haute mémoire: Sitting-Bull et Arthur Cravan. Ce livre fou, qui est en plus "vrai d'un bout à l'autre", est un bonheur dansant et un grand éclat de rire et d'amitié vive. » [Le Monde, 9/6/1978]

Jean-Pierre Verheggen est mort avant-hier à Wavre.

jeanpierre-verheggen

L'ami Nicolas Crousse ajoute aujourd’hui dans Le Soir: « Il s’autoproclamait "cannibale belge civilisé depuis belle lurette, mais primitif comme aucun". Ce roi de la claquette verbale était l’un de nos poètes majeurs. C’était aussi un exubérant doublé d’un mélancomique, qui glissait des peaux de banane sur le pavé du réel et transformait ses galères et misères en festival d’humour. »

Son dernier livre, désormais posthume, s’intitule Le sourire de Mona Dialysa.

Extrait : « Sachez que je n’en ai pas honte ! Au contraire, ne serait-ce que parce que j’ai franchement bien ri des bévues et travers de mon sosie éponyme – théâtralement parlant ! – dans les pièces de Molière ! Ce qui n’empêche que j’ai moi aussi quelques soucis de gériatrie qui affectent tantôt ma mémoire tantôt mon audition et entretiennent dans ma tête des confusions entre noms propres, généalogie et géolocalisation des membres – ou non ! – de ma famille et des connaissances de ma région ! Ainsi, pour en revenir à Molière, quand j’entends le prénom Zerbinette, l’amante de "mon fils" Léandre (j’invente et m’approprie cette descendance pour rester dans le répertoire comique), je pense à un outil de jardinage du genre binette pour sarcler les mauvaises herbes et me surprends à en imiter les gestes ! Scapin dans ma tête est d’office à ranger au rayon des marchands de chaussures roués qui vendent des escarpins de commedia dell’arte et Nérine, la nourrice de Hyacinthe, la fille du Géronte en question, ne peut, au "pis aller", lui donner le sein que par l’orifice du nez dont mon excentrique perversité vient de l’affubler ! »

sourire mona2

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Commentaires
H
Oh….comme cela m’attriste.Merci Jc
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