Michel Ciment 1938-2023
« C’est quand même une jolie vie, non ? Faire partager ses goûts, rencontrer les gens qu’on aime. Défendre un travelling, s’insurger contre un plan de coupe, se battre pour un chapeau de travers. L’exercice sinon le devoir d’admiration. Bien sûr il y a de justes colères, des révoltes, des cris à pousser, la fameuse Indignation. Mais quelle générosité de hurler parfois aussi sa joie, son adhésion ! Ce qu’il y a de formidable chez Michel Ciment, c’est qu’on devine qu’il a senti très tôt qu’on était plus heureux du côté du verre à moitié plein, qu’admirer n’était pas forcément un signe de bêtise, de faiblesse intellectuelle et qu’il n’y avait pas de fierté particulière à détecter la petite bête, le défaut caché. [...] La force de ces articles, de ces entretiens, c’est que loin de démystifier la création, de banaliser le geste artistique, ils nous laissent plus perplexes encore face à l’inspiration, plus curieux aussi. Ce serait donc vrai, alors ? La culture ne serait pas l’ennemi du mystère, de la poésie ? » Édouard Baer, préface à Michel Ciment, Une vie de cinéma, Gallimard, 2019.
Depuis toujours, bizarrement, ce parfait anglophile s'obstinait à m'appeler Tatom. Impossible de l'en dissuader. C'est trop tard, Michel Ciment vient de mourir. Il avait 85 ans.