Lectures pour tous : Mike Dash
Extrait du journal de Jan Loxe, chirurgien-barbier sur les navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, ou VOC (première moitié du XVIIe siècle) :
« Le matin, dès la première heure, il faut préparer les médicaments administrés par voie orale, et donner sa dose à chaque patient. Puis nous devons scarifier, nettoyer et soigner les blessures sales et malodorantes, avant de les panser – ainsi que les ulcérations. Puis nous devons bander les muscles raidis et enflés des malades atteints du scorbut. À midi, nous devons aller chercher, puis servir les repas de quarante, cinquante voire soixante personnes – et de même le soir. Et qui plus est, nous devons rester sur pied pendant une partie de la nuit, pour soigner d’urgence les patients dont le mal s’aggrave subitement, et ainsi de suite. » Cité par Mike Dash, in L’archipel des hérétiques. La terrifiante histoire des naufragés du « Batavia », 2001, Lattès, traduit de l’anglais par Stéphane Carn.
Réplique à l'échelle du Batavia, retourschip de la VOC qui embarquait 330 personnes à bord, toutes catégories confondues (marins, soldats, marchands, officiers, donzelles et passagers de diverses qualités). Le Batavia coula corps et biens au large des côtes australiennes, en 1629, lors de son premier voyage. [Comme le Titanic, donc.] Une centaine d'individus à peine survécut au naufrage et aux massacres qui ont suivi la mutinerie. Les mutins, jolis crétins, n'avaient pas vu arriver la barrière de corail et ses récifs. Le livre de Mike Dash est un des ouvrages les plus formidables que j'ai lus cette année. On regrette vivement que Paul Verhoeven n'ait pu faire aboutir son projet d'en faire un film.