Moraliser le capitalisme ?
Lu sur Article XI
Moraliser le capitalisme ?
Non, tuer les riches.
Ils y mettent toute leur conviction, toutes leurs forces: pour maintenir à flot l’illusion du système, les laquais de l’ordre néolibéral sont même prêts à promettre qu’ils moraliseront le capitalisme. Tout, plutôt que d’avouer qu’il ne reste qu’une façon de résoudre cette crise qui risque bien de les emporter: taxer les riches, aplanir les inégalités, appauvrir l’oligarchie. S’ils ne le font pas…
« Fusiller les riches de but en blanc serait de la folie: il faut d’abord les mettre en prison et les affamer jusqu’à ce qu’ils aient fait revenir de l’étranger l’argent qu’ils y ont caché… C’est seulement quand ils n’auront plus rien que nous les fusillerons. » (Paul Lafargue)
Ils se multiplient. Et donnent de leurs forces sans compter. Laquais de l’ordre social, soucieux de cacher la réalité. Serviteurs des puissances en place, empressés de jeter un voile pudique sur la froide vérité. Et oligarques privilégiés, désireux de tout faire pour que certaines conclusions évidentes, saines impulsions, coups de colère bienvenus, ne viennent à l’esprit de ceux qu’ils gouvernent.
Car enfin: si l’immense masse de nos concitoyens ouvrait les yeux, ceux qui sont aux commandes y perdraient leur trône, ainsi sans doute que leur tête. Une question de vie ou de mort, donc.
Et cet aveu du président, sonnant comme un juste pressentiment: "Au nom du symbole, les Français peuvent renverser le pays. Regardez ce qui se passe en Grèce. (…) Les Français adorent quand je suis avec Carla dans le carrosse mais en même temps ils ont guillotiné le roi."
C’est ainsi que celui qui s’était un temps engagé à "aller chercher la croissance avec les dents" feint de gauchir son discours, appelant à "moraliser le capitalisme", à le "refonder", s’en prenant à ceux qui auraient "trahi l’esprit du capitalisme" et fustigeant "un système amoral où la logique des marchés excuse tout, où l’argent va à l’argent". [...]
Ainsi que Pascal Lamy, président de l’Organisation mondiale du commerce et chef de file de la cohorte des enfumeurs ne souhaitant rien tant que perpétuer l’ordre des choses, réclame une "régulation (...) au niveau mondial", parce que le capitalisme est un "système quand même très très injuste".
Ainsi que Jean-Marie Messier, meilleure incarnation de l’ordre néolibéral et de ses turpitudes, revient dans la course, pose au "citoyen engagé qui fait profiter de ses expériences" et se pique de "dessiner les contours du capitalisme de demain, un capitalisme tempéré reposant sur l’entrepreneur, l’éthique et le bon sens".
Ou ainsi que le mensuel américain Fortune, parangon de l’ultralibéralisme et indécente bible de la richesse, ose titrer "Le moment est venu d’envoyer Wall Street en prison".
Oui: on rêve…
De ces pâles tentatives pour tout sauver et ne rien changer, mensonges servis par ceux-là mêmes qui ne modifieront rien au système qu’ils ont toujours servi et qui les a faits, il faut bien sûr ne croire ni la moindre syllabe ni le plus petit mot.
Tant il n’est qu’un discours réellement crédible aujourd’hui, celui qui s’attaque, de front et sans pitié, aux inégalités.
C’est heureux, justement : l’effondrement de l’ordre néolibéral donne un nouvel élan à la pensée radicale. Et ceux qui étaient hier taxés avec mépris d’imbéciles marxisants et d’abrutis utopiques retrouvent peu à peu un public. Gagnent en audience. Et propagent leur vision des choses, celle-là même qui donne des cheveux blancs (pour peu qu’ils en aient encore) à tous les tenants de l’ordre établi.
Au menu, donc, de salutaires propositions, frappant directement les riches au portefeuille. LA SUITE ICI
[JBB, Le Charançon libéré]