Le philosophe et le volcan
Un mot de Serge Quadruppani, qui nous fait un dimanche matin radieux
« Un des délicieux effets collatéraux du nuage de cendres islandais, c'est qu'il a saboté le plan média du pâteux Onfray, dont je devais supporter le voisinage encombrant dans mon hebdo favori comme celui du cousin qui se prend pour un penseur, vous voyez qui je veux dire, le parent dont les ratiocinations gâchent un peu le plaisir sans recul de certains banquets de famille. Heureusement que je ne l'ai jamais vu autour des bonnes boutanches d'après les réus de rédac.
« Ses sornettes antifreudiennes sont agréablement dézinguées sur le site Les mots sont importants, avec lequel j'ai bien entendu de nombreux et profonds désaccords, dont leur proximité avec les Indigènes de la République (voir le texte co-écrit avec Fabienne Messica à la fondation de ce machin), mais là, vraiment, ils m'ont bien fait rigoler. Et quel style !
« Le partisan du "capitalisme libertaire", le piteux dénonciateur des Tarnacois obligé de se rétracter ensuite (sa tribune dans Libération sur le thème "c'est la faute aux médias si j'ai cru le ministère de l'Intérieur" était à pisser de rire) est aussi un ennemi de toute violence (au point d'ailleurs qu'il déblatère contre les partisans de la libération immédiate et sans condition de Rouillan, dont je suis). De la part d'un homme qui se veut de gauche et même carrément anar, la chose est comique: nul n'ignore, pas même lui, que c'est en secouant les patrons, en guillotinant le roi, en tirant sur les Versaillais et en séquestrant les cadres, que les classes populaires ont parfois gagné quelque chose, pas en le demandant poliment le bonnet à la main. Il est vrai que la pire violence pour quelqu'un comme lui, c'est celle que lui aura infligée notre ami le volcan: passer au second plan de l'actu, au moment de vendre son nouveau gadget. »