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8 janvier 2012

Iacub : Changer d’esprit d’État

« Changer d’esprit d’État »
par Marcela Iacub (sur une énième proposition de loi, inutile autant que scélérate, 
visant moins à abolir la prostitution qu'à mettre au pas les "mentalités"

IrmaLaDouce2

« La députée socialiste Danielle Bousquet et son homologue UMP Guy Geoffroy viennent de déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale visant à pénaliser les clients de la prostitution. Le texte prévoit une peine maximale de deux mois de prison, une amende allant jusqu’à 3750 euros ainsi qu’un "stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution". À ceux que cette mesure laisse perplexes, Danielle Bousquet répond: "L’objectif n’est pas de punir, mais d’éduquer. De faire changer les mentalités" (Libération du 29 décembre).

« Certes, il semble normal de chercher à "éduquer" et à "changer les mentalités" de nos concitoyens. Les militants, les artistes, les journalistes, les politiques, les syndicalistes, les intellectuels ne cessent de le faire. Pourtant, ces braves gens ne croient pas que pour y parvenir il soit légitime, utile, voire nécessaire de faire appel à la police, aux tribunaux, aux prisons comme le voudraient ces illustres députés. Les premiers cherchent à persuader et à convaincre du bien-fondé de leurs idées par des discussions, des livres, des manifestations, des films, des grèves, sans qu’ils trouvent efficace de passer des menottes à leurs concitoyens ou de les contraindre, comme le voudrait cette proposition de loi, à faire des stages de redressement idéologique.

« Dans un régime démocratique, l’État n’est pas censé forcer les individus à croire, penser, adhérer à des idées, même merveilleuses et judicieuses, car les règles de contrainte sont réservées aux comportements dits externes. Ceci non seulement parce que nous avons en tant qu’individus des prérogatives sur lesquelles l’État ne doit pas empiéter, comme la liberté de penser, mais aussi parce que ces gens que l’on voudrait soumettre à ces sortes de lobotomies féministes participent au débat et au processus de décision démocratique au même titre que les autres. C’est pourquoi, dans une démocratie, il n’y a pas d’idées politiques fausses ou mauvaises que de bonnes âmes comme celles de nos deux députés auraient le droit de chercher à extirper de nos cerveaux par la contrainte étatique, mais seulement des comportements qui peuvent être légaux ou illégaux.

« Certes, Danielle Bousquet n’est ni l’auteur de cette formule ni la seule à s’en servir. Elle revient chaque fois qu’on aborde le problème de politiques des femmes, sans que personne n’en frémisse d’horreur. Ainsi lors des débats récents sur la burqa. Le fait de se parer de ce vêtement aussi extravagant que minoritaire est apparu comme le signe de la contestation sans vergogne des théories dominantes sur l’égalité des sexes. Et même si ces femmes ne faisaient de mal à personne, les militantes féministes ont trouvé normal de les dissuader par des sanctions pénales et des stages idéologiques obligatoires, comme si elles étaient des dissidentes du régime soviétique. On sait pourtant à quel point la violence de l’État appliquée au redressement politique est inefficace. Les exemples édifiants de l’Inquisition, de la Terreur, des régimes fascistes et communistes, des dictatures islamistes nous le montrent amplement. Ce que l’on obtient des victimes de ces procédés éducatifs est l’effroi, la haine et la docilité, et non un quelconque changement d’idées, de valeurs ou de croyances.

« Toutes ces questions sont si évidentes que le fait de les rappeler semble aussi ridicule que de s’efforcer de démontrer l’importance du suffrage ou de la liberté de la presse dans une démocratie. On imagine que tout un chacun, même Danielle Bousquet et Guy Geoffroy, les connaît. C’est pourquoi il est permis de supposer que le fait de continuer à affirmer comme si de rien n’était qu’il faut "changer les mentalités" par la contrainte étatique chaque fois qu’il est question des mesures liberticides promues au nom des femmes doit avoir une autre explication que celle de l’ignorance des principes fondamentaux.

« On pourrait penser que les arguments pour justifier ces mesures sont si pauvres – l’interdit de l’achat des services sexuels étant un bel exemple – que l’on préfère non pas en débattre avec ceux qui ne sont pas d’accord, mais changer leurs mentalités. Le procédé est astucieux pour les paresseux – comme si l’on voulait gagner une partie d’échecs en volant les pièces de son adversaire –, car il permet d’éviter les tracas de débats robustes et animés. En substance, c’est parce que ces politiques sont fondamentalement irrationnelles et qu’elles visent d’autres objectifs que ceux qu’elles affichent que l’on cherche à faire passer ceux qui osent les contester pour des fous, des archaïques, des malades idéologiques nécessitant des thérapies forcées.

« C’est pourquoi les personnes qui se prostituent librement, celles qui achètent leurs services et tous ceux qui militent pour qu’en France on respecte ce métier au lieu de chercher à l’abolir devraient débattre, argumenter pour montrer que la folie, la violence, le mépris des femmes sont du côté des persécuteurs et non pas de celui des persécutés. Mais il faudrait qu’ils se dépêchent, avant que des bienfaiteurs comme Danielle Bousquet et Guy Geoffroy ne réussissent à changer leurs mentalités. »

(Libération , 7/1/2012)

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Commentaires
G
Marcela, je t'aime.<br /> <br /> <br /> <br /> Guy Geoffroy, il suffit de l'avoir vu et entendu deux minutes à la télévision pour le savoir, est un âne.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais Danielle Bousquet, c'est pire. Honte sur elle, qui ose se dire de gauche. Honte au PS qui ne l'a pas exclue. Honte sur elle qui se défile quand on lui demande une interview.
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