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17 juin 2015

Un texte de Nan Aurousseau sur Faut savoir se contenter de beaucoup

 

aurousseau

 

Un axe une prise - Faut savoir se contenter de beaucoup

(sur le film de Jean-Henri Meunier)

~

C’est dans une époque complètement verrouillée par les marchands de lessive et de boulettes pour chats que J.H.M donne le meilleur de lui-même dans un film d’une liberté de ton assez ébouriffante. J.H.M a tourné son film sans aucun soutien des décideurs professionnels d’une profession sclérosée jusqu’à la moelle et dont certains acteurs dévorent pour un film obèse le budget de cinquante autres. Mis à part le soutien indéfectible de ceux qu’ils nomment ses frères, d’une petite boîte de prod indépendante (entre2prises) ainsi que Film Factory avec l’action directe et fraternelle de Philippe Akoka, J.H.M travaille sans filet. Funambule sur son film on pourrait parler à son propos d’un cinéma héroïque, d’un cinéaste travaillant très exposé sur le front du film improbable. Il s’agit donc d’un cinéaste de toute première importance sous ses allures de dernier de la classe avec son bras en or, son bras d’honneur à un système qui l’exclut de la main gauche, un système qui aujourd’hui rejette systématiquement (c’est le propre d’un système) tout ce qui n’est pas formaté pour des festi-veaux trop policés et dégoulinants de bonne conscience.

Pour en revenir au film lui-même, il est composé d’une matière opposée à tout système narratif étiqueté. J.H.M. ne donne rien à lire à personne et c’est sa force, sa résistance. Il écrit son film au jour le jour et sans papier, avec ses acteurs et sa caméra en guise de stylo. Par ailleurs c’est un cinéaste d’une très grande précision, comparable en cela à un tireur d’élite: un axe, une prise. C’était sa feuille de route pour Faut savoir se contenter de beaucoup. Avant de tourner son premier film (L’adieu nu) J.H.M. était photographe. L’axe est bien sûr aujourd’hui toujours le meilleur et pour la prise il a mis le doigt dedans depuis l’enfance de l’art.

Certains puristes du « jeu d’acteur » feront la moue en écoutant la voix très haut perchée de Noël Godin confrontée au laconisme longuement travaillé dans les QHS par Jean-Marc Rouillan. Ils auront tort, obligatoirement tort, de se moquer du ravi de la crèche et de son compagnon de route revenu de tous les enfers.

Nan Aurousseau*** – avril 1015

[Je recommande instamment la lecture des romans de Nan, tels Bleu de chauffe, Du même auteur, Quand le mal est fait, Quartier charogne... Avec mille mercis à Thierry Horguelin qui me l'a fait connaître, il y a dix ans déjà.]

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