Tristane, au cœur capricieux

Hier soir, Tristane a déposé ceci sur le "réseau social".

« Il y a presque huit mois, un soir de septembre, j’ai failli mourir sur le pavé nantais (et y avait même pas de manif), j’ai maté dans le dur les yeux de la faucheuse qui tripait sur moi, je perdais connaissance, mon cervelet luttait pour ne pas s’envoler, mon petit cœur s’était carrément sapé d’appels au viol. Mais par chance j’étais en bonne compagnie ce soir-là, dans la rue, pas toute seule dans ma bicoque. Après j’ai encore failli crever à l’hosto à minuit avec un pouls à 200. J’ai passé trois semaines incroyables avec des infirmières et infirmiers chéri-bibi et des cardiologues cinq étoiles. On m’a collé à vie des médocs de merde mais dont je ne saurai plus me passer, on m’a collé un walkman sous l’omoplate, un Boston que j’ai appris à chérir comme un bon copain, avec lequel je prends de jolies douches, et qui me cale dans mon plumard.

Et puis je suis rentrée chez moi. J’ai repris le travail, ma vie avec mes gosses, les apéros et les sourires. Et puis on est tous (mes proches et moi) vaguement passé à autre chose et c’est très bien. Vaut mieux oublier les faiblesses.

J’ai recommencé à râler, à glosouiller des âneries, à courir tant bien que mal, à pleurer de rire très très souvent, mais cette pute de maladie cardiaque génétique (tout à fait, génétique, ça vient pas des Camel, de mes nuits sans sommeil et de mes verres de Médoc à l’occase) est bel et bien là, et je ne peux pas, je ne pourrai jamais lui coller une vraie baffe. Elle a le dessus. Je la hais, j’étais invincible, bordel.

Jamais je ne miaule sur mes soucis ici, aucun intérêt en fait, mais j’avais besoin soudain d'écrire autre chose que des bêtises. Car je suis crevée.

Je bloque le premier qui m’écrit un truc gentil. Et je risque fort de supprimer ça, mais on s’en fout, enfin moi je m’en fous, ça m’a juste fait du bien quelques secondes. »

[Nantes, 17/05/2022]

Comments

[Tristane]

Merci pour ce partage, cela me touche beaucoup.