« Amoureux des contours de son corsage »
Qu’est devenue depuis
La Madelon jolie
Des années seize
A-t-elle toujours les yeux
Étonnés d’être si bleus
La taille à l'aise
A-t-elle toujours ce geste
De la main un peu leste
Pour dire sois sage
À ses amis d’un jour
Amoureux des contours
De son corsage.
Dans quel village est-elle
Loin de sa clientèle
Dans quelle contrée ?
Sous le ciel de quelle ville
Vit-elle encore agile
Ou retirée ?
Est-elle passée près d’moi
Dans la rue quelques fois
Mon cœur en tremble
A-t-elle dans sa famille
Qui sait ? Une jolie fille
Qui lui ressemble ?
En voyant hier soir au ciné
Une histoire de ce temps suranné
Je m’disais qu’à notre âge atomique
Il est triste qu’cette époque d’vienne comique
Et j’allais au hasard dans les rues
Retrouvant des images disparues
D’mon enfance d’la jeunesse de mon père
De ma mère et aussi de la guerre.
Ils sont restés fidèles
Comme au temps où près d’elle
Ils venaient boire
À la santé d’la France
À l’oubli d’la souffrance
À la victoire
Vision de ces images
Qui furent celles d’un bel âge
Et qui s’effacent
Le feu sur un toit d’chaume
Et l’empereur Guillaume
Comme le temps passe.