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7 juin 2008

Les cris de la grenouille et les yeux du lapin

Suite et fin du florilège Brisset. (Comme une vache espagnole, la semaine dernière.)

Est-ce comme on le prétend l'auteur de la Science de Dieu qui déclara: "Il est inutile d'utiliser le flash pour photographier un lapin qui a déjà les yeux rouges"? Eh bien non. Il s'agit d'une remarque, non dénuée de pertinence, de Jean-Claude Van Damme dans le film presque homonyme (JCVD) qui vient de sortir et dont on sait le bien que j'en pense. Contrairement au film récent d'un autre acteur belge versé dans l'introspection, il ne fera rien pour reconstruire l'imaginaire schaerbeekois, pourtant en piteux état. (Cf. mon billet "Clochemerle démago", hier, ici même.) Fou-dingue bruxellois contre misérabilisme wallon, on vote des deux mains pour le premier.)

Allez, une photo de Van Damme au travail, attention aux yeux rouges, et on laisse la parole aux grenouilles.

jcvd10

Tournage de JCVD, Schaerbeek (Bruxelles), 2007

-

"La grenouille fait entendre clairement les cris: coaque, coèque, coéque pour appeler à la coaction et couique ou couic, en échappant au danger. Coaque ou coac s’analyse: Que haut à que = Ici haut à ce lieu. Co ac = co ou encore accède ou approche. Ce sont des appels de la femelle.

"Un jour que nous observions ces jolies petites bêtes, en répétant nous-même ce cri : coac, l’une d’elles nous répondit, les yeux interrogateurs et brillants, par deux ou trois fois : Coac. Il nous était clair qu’elle disait : quoi que tu dis ? Un autre jour, nous vîmes un mâle, qui avait par trois fois manqué son accouplement, tourner le dos complètement, avec un dépit marqué, à la petite femelle trop remuante.

"À l’époque des amours, elles s’assemblent en troupe, venant de loin à des appels réitérés et variés, avec des chants sans fin ni arrêt, mais aussi entremêlés de silences. Les collages se font pour plusieurs jours, car bien que n’ayant pas de sexe, ces petits animaux se mettent l’un sur l’autre pour lâcher, au même moment, leur frai dans l’eau où éclosent les têtards. À cette époque le mâle fait entendre vigoureusement le cri : Que r’ai ait, que rere ai haut, cœur ai haut, où l’on peut voir l’origine de crée et créo du verbe créer. Les cris coac redoublent en même temps. C’est un vrai sabbat.

"Nous avons encore noté, cara, cara ; cate cate, mais surtout le cri qu’ai quête. Ce dernier est un appel bien clair que la grenouille fait entendre dans les prés fleuris, où elle chasse les insectes. Il est bon, pour bien discerner ces cris, d’en voir et entendre une seule à la fois. Lorsqu’elles chantent en réunion, c’est de loin un brouhaha de foule humaine."

[La Science de Dieu, ou la Création de l'homme, 1900,
éd. Marc Décimo, Presses du réel, Dijon, 2001.]

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