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le vieux monde qui n'en finit pas
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20 juillet 2013

Lectures pour tous : Gérard Lenne

paris hollywood

Le gardien de la morale [extrait]

« [...] Monsieur Hulot aime que la morale règne. Il arpente la plage comme un garde-champêtre les chemins de son village. Il foudroie les couples d’amoureux qui s’embrassent sur la bouche (avec la langue), il tient à leur faire honte. Aux alentours des cabines, il fait la chasse à ces vicieux dont il a repéré le manège, à cet endroit précis où un trou discret, dans le bois, permet aux chenapans d’observer la bourgeoise qui se change à l’intérieur. Lorsqu’il surprend l’un d’eux, il ne pardonne pas: un bon coup de pied au cul, à l’instar de son idole Charlot qui passait son temps à s’en prendre, lui, aux gros policemen new-yorkais. Inutile de préciser que le vaurien s’enfuit sans demander son reste. Et Monsieur Hulot d’achever le travail en se penchant, s’il n’y a pas de présence inopportune, pour vérifier de visu que la baigneuse, à l’abri dans sa cabine, n’a pas été traumatisée.

« Monsieur Hulot a la conscience tranquille. Il a bonne réputation. On dit de lui que c’est un gentleman. Les chastes demoiselles entre deux âges, qui fréquentent la pension, le reconnaissent d’année en année. Monsieur Hulot ? "Jamais un geste malencontreux, jamais un mot vulgaire." Il leur fait sa cour poliment, leur demande si sa pipe ne les dérange pas. Une fois, justement, un malotru s’est permis un calembour graveleux sur le mot "pipe". Monsieur Hulot l’a fusillé sans rien dire.

« La galanterie de Monsieur Hulot est proverbiale, tellement "vieille France". Avec lui, aucune vertu n’est en danger. Monsieur Hulot se lève tôt et se couche tôt. Le dîner à peine terminé, il salue cérémonieusement ces dames, de tous âges et de toutes conditions, y compris la servante. Il gravit sans bruit le grand escalier et s’enferme dans sa chambre du premier étage. Là, il ouvre sa valise avec sa petite clé et en sort une collection de Paris Flirt et Paris Hollywood qui lui permettra de trouver le sommeil du juste en se masturbant raisonnablement. »

Gérard Lenne, « Et mes seins tu les aimes ? » 50 fantasmes cinématographiques,
La Musardine 2013

~

Critique de cinéma et cinéphile impénitent, Gérard Lenne [...] a exploré les écrans du désir*, champ illimité où il revient ici sélectionner les cinquante scènes les plus... troublantes, excitantes, érotiques! Avec une nuance de taille: laissant libre cours à son imagination, il extrapole, transforme les images, prolonge l'action qui soudain bascule... On ne sait plus où on en est, et n'est-ce pas le plus délicieux? [4e de couv.] Ainsi, sont mis à contribution ses souvenirs coquins et très retravaillés de Seven Year Itch, du Mépris, d'Extase, d'Angélique, marquise des anges, de Goldfinger, de Belle de jour, de Partie de campagne, de Psychose, de Mais ne nous délivrez pas du mal, de L'empire des sens, de La guerre des boutons, de Batman, des Trois Mousquetaires (version Borderie), de La clé, et de trente-six autres films de notre patrimoine commun.

* Le cinéma "fantastique" et ses mythologies est un classique absolu, comme Le sexe à l'écran (dont une version mise à jour est disponible depuis 2009 à La Musardine, sous le titre Erotisme et cinéma).

gérard lenne couv

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