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le vieux monde qui n'en finit pas
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16 janvier 2014

Valls vs Dieudonné vs Klarsfeld : pendant la campagne, le spectacle continue

Tous ceux qui ont besoin qu'on leur décrasse les synapses liront avec profit
l'édito du 15 janvier du toujours excellent Frédéric Bonnaud
[intitulé à l'origine « Et le diable hurla de joie... »]

~

« Je n’ai pas à choisir entre les juifs et les nazis. Je suis neutre dans cette affaire. J’étais pas né en dix-neuf-machin, je suis né en 66 moi, alors qu’est-ce qui s’est passé ?, qui a provoqué qui ?, qui a volé qui ?, pfouit…, j’ai ma petite idée, mais enfin… » Extrait de la vidéo de Dieudonné du 31 décembre. Huit jours plus tard, près de 3 millions de vues sur YouTube, ça a dû augmenter depuis… Le « qui a volé qui ? » est particulièrement hilarant, non ?

Le 26 décembre 2008, Dieudonné faisait monter sur scène le négationniste Robert Faurisson, auteur du célèbre article "Le problème des chambres à gaz, ou la rumeur d’Auschwitz" (Le Monde, décembre 1978), lors de son dernier Zénith parisien, et son régisseur – déguisé en déporté arborant l’étoile jaune – lui remettait un "Prix de l’infréquentabilité et de l’insolence", devant une foule circonspecte, qui devait quand même se demander qui était ce vieux monsieur tout content… Pour avoir transformé une "dernière" en meeting antisémite, Dieudonné a été condamné à 10 000 euros d’amende. Depuis, Robert Faurisson, "Robert", est devenu un comparse régulier de ses spectacles et vidéos, se dandinant même sur la désormais fameuse parodie du Chaud cacao d’Annie Cordy. Si on lui avait prédit ça, à "Robert", quand il écrivait à Défense de l’Occident, principale revue d’extrême droite française de l’après-guerre.

Ces pénibles rappels pour dire une bonne fois qu’il n’y a plus rien à discuter ni à débattre depuis fort longtemps. Et que si "Faurisson, connais pas", il est assez facile d’y remédier, la popularité de "Robert" sur le net valant bien celle de "Dieudo". Ceux qui prennent Dieudonné comme étendard de leur révolte "anti-système" devraient se renseigner sur les admirations intellectuelles de leur idole. Adopter "Robert" comme mascotte et expert sur les questions historiques en dit beaucoup sur le fond d’une pensée, sa validité et sa pertinence.

Nous en étions là, déjà très bas donc, dans les tréfonds de la débilité chimiquement pure alliée au vieil antisémitisme le plus ordurier, quand Manuel Valls – célèbre pour son antiracisme intransigeant, sa vision intégratrice des minorités les plus fragiles et les plus calomniées et son absence totale d’ambition personnelle et de cynisme politicard, tout dévoué qu’il est à la République et à sa mission d’ordre public – s’est emparé des niaises injures visant Patrick Cohen – et complaisamment diffusées sur France 2 –, le 27 décembre, en plein no man’s land médiatique. Jusqu’à la décision du Conseil d’État de vendredi dernier, une folle mécanique binaire s’est mise en branle, dans la confusion la plus totale: Valls vs Dieudonné, puis Hollande (tout juste sorti perdant de la non-inversion de la courbe du chômage) vs Dieudonné, Anelka et sa "quenelle" vs "le système" (ça, c’était involontairement assez drôle, reconnaissons-le), et la meilleure, Arno Klarsfeld vs Dieudonné, soit, d’un côté, le protégé de Sarkozy, nommé conseiller d’État au tour extérieur en 2010, favorable à la déchéance de la nationalité des Français d’origine étrangère en cas de meurtre d’un policier (étrange conception du droit, assez rare chez les avocats), garde-frontière israélien engagé volontaire, et inlassable militant de la colonisation de la Cisjordanie; de l’autre, l’olibrius dont nous avons rappelé quelques-uns des exploits. Un combat de titans, d’un très haut niveau et d’une parfaite probité intellectuelle.

Avec de tels ennemis, au manque de sens politique hors du commun, mais bien dotés en petits calculs à courte vue, tant ils sont parvenus à donner un semblant d’existence à sa vision paranoïaque du monde, à ses pauvres diatribes "anti-système" et à sa logique mégalomane, Dieudonné n’a aucun souci à se faire quant à sa prospérité idéologique et son pouvoir de nuisance – limité mais réel – sur une société qui se délite. Donner un peu de raison à un infâme tout en prétendant l’avoir fait taire… Trop fort. "Robert" doit se dire qu’il a enfin trouvé le bon cheval.

Frédéric Bonnaud

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Commentaires
B
Joli nœud de vipères, toutes plus venimeuses les unes que les autres !
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