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le vieux monde qui n'en finit pas
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26 janvier 2016

Nos films préférés en 2015 : Roland Carrée

Puisque l’on m’y invite, je me permets avec le plus grand plaisir de fournir une « non-liste » de mes films préférés de l’année 2015, c’est-à-dire des films qui, quels que soient leurs formes, leurs genres et leurs dates de production, m’auront le plus marqué (n’y figure néanmoins aucun long métrage sorti durant cette année, car une autre liste, à venir prochainement, leur sera entièrement consacrée). Pas d’ordre de préférence, les titres étant classés par ordre alphabétique.

Armée du Salut

L’Armée du salut, Abdellah Taïa (Suisse-France-Maroc, 2013)

Parce qu’il faut avoir beaucoup d’audace pour réaliser un film comme celui-ci, mais aussi et surtout parce que c’est un beau premier film, fort, émouvant, et doté d’une mise en scène qui exploite formidablement bien les cadrages et le traitement de l’espace pour signifier l’isolement et le déchirement de son courageux héros.

Aujourd'hui

Aujourd’hui, Alain Gomis (France-Sénégal, 2012)

Parce qu’il m’aura rarement été donné l’occasion de contempler sur un écran, à grand renfort de plans longs, de doux travellings et de subtils non-dits, les parcours parallèles, et intrinsèquement si liés, de la mort et du cinéma au travail.

Bande de filles, Céline Sciamma (France, 2014)

Parce que Céline Sciamma me prouve définitivement qu’elle figure parmi les rares cinéastes de notre temps à savoir filmer comme personne les corps et les dilemmes de personnages féminins qui, devant les yeux du spectateur, deviennent de véritables héroïnes, que l’on comprend et que l’on aime très fort.

Bouche cousue

Bouche cousue, association Libero [cm] (France, 2015)

Parce que ce formidable court métrage, qui possède déjà tous les attributs d’un film professionnel, et qui propose un numéro dansé figurant parmi les plus originaux et les plus féroces que je connaisse, force encore davantage le respect quand on sait qu’il a été réalisé par des jeunes âgés en moyenne d’une quinzaine d’années. Les films de cette association gagnant chaque année en qualité, je n’ose imaginer le niveau qu’atteindront les prochains.

Cadeau de Noël de mon frère Jean-Marie à ma sœur Faustine,
court métrage épistolaire amateur (France, 2015)

Parce que ce montage de photos et de vidéos, aussi volontairement laid et bâclé soit-il, est sans doute le film qui m’aura fait le plus rire durant cette année globalement bien triste. Et aussi parce que c’est un film de famille, et que la famille et le cinéma sont deux entités indéfectiblement liées, à l’origine de tout ce que nous connaissons… Les frères Lumière en savent quelque chose. Respect, donc.

D'une même odyssée

D’une même odyssée prolifèrent les monstres, Yann Pichot [cm] (France, 2015)

Parce que tourner en VHS un court métrage apocalyptique mettant en scène des femmes qui traquent les derniers hommes sur Terre pour se nourrir de leurs pénis qu’elles croquent avec une certaine jouissance mi-sexuelle, mi-culinaire, c’est en soi déjà génial, et ça mérite obligatoirement que l’on s’y attarde avec attention. Personnellement, je ne le regrette absolument pas.

Fi intidar Pasolini [En attendant Pasolini], Daoud Aoulad-Syad (Maroc, 2007)

Parce qu’un film marocain qui a pour sujet le cinéma italien, ça me parle forcément, et aussi parce que des figurants marocains déguisés en soldats romains qui chargent l’ennemi en hurlant « Allahu akbar !!! », c’est juste à mourir de rire. Ce film a en outre été tourné dans les célèbres studios de Ouarzazate que j’ai pu visiter cet été, et il faut bien avouer qu’il est personnellement toujours plaisant de retrouver dans un film des lieux que l’on connaît.

Hicham Lasri

Hicham Lasri : toute son œuvre, composée de longs, de courts, de téléfilms, de clips, de publicités…

Parce que ce sont des films qui se distinguent du reste du cinéma marocain par leur drôlerie souvent proche de l’extravagance. Lasri y revendique un héritage de la « culture pop » ainsi que d’un certain cinéma américain, et établit, avec tendresse, onirisme et poésie, un féroce constat critique sur la société marocaine. Une œuvre jeune mais déjà très riche, dont il me tarde de découvrir les prochains prolongements.

Je suis le peuple, Anna Roussillon (France-Égypte, 2014)

Parce que ce film documentaire est aussi beau que nécessaire, et parce que je l’ai découvert à l’occasion d’un festival, le Fidadoc, qui me fut mémorable pour bien d’autres raisons. Le plan final, dans lequel l’électricité de la pièce se coupe sans que cela soit prévu, en dit long sur une société égyptienne qui vit encore dans le noir, que vient à peine éclairer le trompeur petit écran de télévision de la sympathique famille suivie et filmée avec tendresse par la réalisatrice.

Kung Fury

Kung Fury, David Sandberg (Suède, 2015)

Parce qu’il y a dans ce moyen métrage totalement barré, pur hommage aux grands nanars des années 1980, un personnage de flic qui s’appelle Tricéracop, et qui a une tête de tricératops. Voilà, nul besoin de développer davantage, c’est à mon sens amplement suffisant.

Ligne de fuite, Paul Marques Duarte [cm] (France, 2015)

Parce que je connais peu de films dont les réalisateurs, à des âges aussi précoces (et encore, ça fait déjà des années que Marques Duarte en réalise), font preuve d’autant d’originalité et de pertinence dans leur récit et leur mise en scène. En plus d’être émouvant et bien joué, ce film « documenteur » est une très belle réflexion sur les rapports entre le réel et l’illusion qui se jouent à travers les rapports entre les acteurs, le réalisateur et le spectateur. Plus que prometteur : rayonnant.

Menino et o Mondo

O Menino et o Mondo [Le Garçon et le Monde], Alê Abreu (Brésil, 2013)

Parce que ce film presque expérimental prouve que l’on peut encore inventer de nouvelles formes de cinéma d’animation tout en ne s’empêchant pas de continuer à proposer des messages beaux, forts et limpides, sans prendre pour autant les jeunes spectateurs pour des imbéciles.

Le Notti bianche [Les Nuits blanches], Luchino Visconti (Italie, 1957)

Parce que ce film est magnifique, mais aussi parce que je l’ai regardé en plein milieu d’une nuit où je n’arrivais pas à dormir… Alors forcément, avec un tel degré d’implication, ça marque. Et puis, j’ai toujours aimé les films qui se passent dans la nuit et/ou sous la neige. Et en plus, c’est un film italien, donc n’en jetez plus.

Screwball Squirrel

Screwball Squirrel [Casse-Noisettes et ses copains], Tex Avery [cm] (États-Unis, 1944)

Parce qu’il y a dans ce film un plan génial où le héros machiavélique, assis sur une chaise de réalisateur, attend avec délectation de savourer le joyeux massacre qu’il a organisé, et que je vois dans cette image une projection de Tex Avery lui-même qui prend un plaisir tout aussi joyeux, au fil de ce film, à dynamiter certaines conventions disneyennes que, comme moi, il exècre. Jouissif au possible.

Sivas, Kaan Müjdeci (Turquie-Allemagne, 2014)

Découvert au Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, dont les programmations sont toujours remarquables et mémorables. Excellent film, à la fois sec et émouvant, qui apporte une preuve supplémentaire de la grande vitalité du cinéma turc.

steelflower

Steel Flower, Park Suk-young (Corée, 2015)

Vu au Festival international du film de Marrakech. Une énorme force se dégage de cette petite Rosetta sud-coréenne qui vit la moitié du temps dans la rue, accumule les petits boulots autant que les humiliations, ne parle jamais, et rêve de faire des claquettes. Elle ne réalise pas son rêve, mais ce rêve lui permet de rester debout. La séquence finale, où elle danse face à d'énormes vagues qui l’aspergent avec une grande violence, est très forte.

Studio M Casablanca (courts métrages d’école, Maroc)

Parce que l’un de mes nombreux boulots, c’est prof et encadrant pédagogique en cinéma, et que je suis très fier des courts métrages qui ont été réalisés cette année, sous ma houlette notamment, par Amine Belakoul (Amoroccan Dream), Reda Jai (La Fille qui venait de nulle part), ainsi que le trio composé de Mehdi El Khattabi, Amine Mrhailaf et Jean Kouadio (Platform). Ces trois films ont déjà été sélectionnés, voire récompensés dans divers festivals du Maroc et de France : au risque de me répéter, c’est dire si je suis très fier d’eux !

Tu tournes en rond

Tu tournes en rond dans la nuit et tu es dévoré par le feu, Jonathan Millet [cm] (France, 2015)

Parce que j’aime les films qui, comme leurs héros noctambules, cherchent des images dans le noir, et qui, à défaut d’en trouver peut-être, en proposent de sublimes au spectateur. Magie de la nuit, magie des regards qui en disent long, magie de la jeunesse qui brûle de vitalité, et magie du moment présent, tout simplement.

Un sourire, Iwen Casteret [cm] (France, 2015)

Parce que ce film confirme les qualités esthétiques et narratives d’un véritable petit auteur en herbe, dont les idées et les obsessions se retrouvent systématiquement dans chacune de ses réalisations, qui surpasse toujours la précédente… Énorme travail de mise en scène sur les questions de l’espace, du temps et de l’absence. Ce n’est donc pas seulement prometteur, car c’est déjà suffisamment abouti pour être considéré avec la plus grande attention qui se doit.

The Wonderful Country [L’Aventurier du Rio Grande], Robert Parrish (États-Unis, 1959)

Parce que Robert Mitchum, dans le rôle de cet apatride qui ne parvient à trouver sa place nulle part, est tout proprement déchirant, et parce que de par son histoire et son traitement de l’Histoire, ce western lyrique et mélancolique s’inscrit très certainement parmi les plus originaux du genre.

Wonderful Country

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