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3 octobre 2018

Miéville, grande rétro à Bruxelles

nous sommes tous encore ici

Du 4 au 30 octobre, la Cinémathèque royale de Belgique rend un hommage maousse à Anne-Marie Miéville. On y montrera donc les films, courts et longs, de la réalisatrice, et quelques autres cosignés avec Godard ou écrits avec lui. Marie Anne Guérin (Cahiers, Trafic) ouvrira le feu demain soir avec une conférence. [Photo : Nous sommes tous encore ici, 1996]

Présentation, par la Cinémathèque. « L’amour ne sera plus le commerce d’un homme et d’une femme, mais celui d’une humanité avec une autre. » Cette citation de Rainer Maria Rilke à la fin du film Lou n’a pas dit non définit avec verve l’essentiel de la quête d’Anne-Marie Miéville, portée par une question universelle et intemporelle: comment vivre ensemble ? Ce film illustre par excellence la façon dont son parcours se fraie un chemin à travers l’histoire de l’art sous toutes ses formes, de la sculpture du couple mythique Mars et Vénus qui occupe une place centrale dans le film à un "pas de deux" circonstancié de la chorégraphie Docteur Labus de Jean-Claude Gallotta, qui exprime une vaste palette d’émois et de tensions entre un homme et une femme. Encore et toujours, la relation à l’autre est analysée comme un champ de tension perpétuel entre inertie et mouvement, silence et parole.

Les études de Miéville sur les défis de la communication et les épreuves de l’amour sont déjà au cœur de son premier court métrage, How Can I Love a Man (When I Know He Don't Want Me), dont le titre est emprunté à Carmen Jones d’Otto Preminger. Et ce n’est pas un hasard si le thème de Carmen rappelle Prénom Carmen, le film dont Miéville a livré le scénario à Jean-Luc Godard, son compagnon à la ville et à la scène depuis le début des années 1970. Mais alors que Prénom Carmen s’articule autour de l’amour à sens unique d’un homme pour une femme, les rôles sont inversés dans How Can I love. Une inversion qui change tout comme le fait remarquer Alain Bergala, notamment sur le plan de la mise en scène qui restitue le désir d’être ensemble comme une arène dans laquelle les hommes se protègent le plus souvent, parce qu’incapables de s’ouvrir à un possible dialogue ou hostiles à l’idée.

Le personnage masculin qui a perdu confiance dans le potentiel du discours revient dans le court métrage Le Livre de Marie, où Miéville filme une séparation, avec une maîtrise et une précision remarquable, à partir de la perspective d’une petite fille qui exprime sa résistance au drame parental à la faveur du langage, de la musique et de la danse. Dans son premier long métrage, Mon cher sujet, trois femmes d’autant de générations - grand-mère, mère et fille - font usage de la force de la parole et du chant pour se faire une place dans un monde où les femmes sont censées tout partager, tandis que les hommes ont tendance à se dérober de tout engagement de partage. Dans son film suivant, Lou n’a pas dit non, c’est encore la femme qui permet un échange, qui le rend possible par le biais de l’exploration de différentes formes d’expression et de création, dans un mouvement perpétuel de tâtonnement, d’approche et de repli.

Comment donner corps à une communauté dans la différence ? Dans Nous sommes tous encore ici, initialement écrit pour le théâtre, Miéville aborde cette question à travers des extraits d’ouvrages de Platon et de Hannah Arendt. Ceux-ci trouvent une résonance dans la vie d’un couple interprété par Jean-Luc Godard et Aurore Clément - celle-ci évoquant indéniablement la présence de Miéville. Dans Après la réconciliation, Godard et Miéville incarnent deux des quatre personnages qui se prêtent à une réflexion philosophique sur les pouvoirs et les limites de la parole et le défi d’apprendre à vivre avec cet autre qui restera à jamais un étranger. Brutale et troublante par moments, tendre et réconfortante à d’autres, l’œuvre d’Anne-Marie Miéville force à garder confiance en "cet amour que nous préparons en luttant durement: deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une devant l’autre" (Rilke) ».

La rétro est prétexte à la publication d'un livre, Pas de deux, avec le collectif Sabzian. Rétrospective et bouquin sont réalisés avec le groupe Courtisane.

~

pas de deux annemariemiéville sabzian

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