Henry Kissinger (1923-2023), homme de lettres
« Il était question, en 1974, que celui qui était pour les sondages "l’homme le plus admiré d’Amérique" se présente comme candidat républicain aux élections présidentielles de 1976. Mon idée aurait pu se définir comme de la "politique-fiction", un nouveau genre de roman d’anticipation, mais elle avait une dimension poétique qui me semblait en faire tout le charme. Si tout le monde béait d’admiration devant Henry Kissinger, il faut dire les choses comme elles sont, c’est que c’était un salaud. J’avais donc pensé que ce serait bien d’imaginer que, au moment même de son élection triomphale en 1976, Henry serait touché par la grâce et deviendrait d’un seul coup le héros de la paix entre les peuples, l’ami du tiers-monde, le bienfaiteur de l’humanité... » Maurice Girodias, dans sa préface.
Coordonné par Girodias, Président Kissinger (disponible en français chez Tristram dans une traduction de Jean-Paul Mourlon, mais toujours interdit aux États-Unis d’Amérique) est écrit par Monroe Rosenthal, Don Munson, Marco Vassi, Susan Wasserman et Maurice Girodias en personne. Rosenthal et Munson étaient deux écrivains amateurs, Vassi un ancien auteur érotique de Olympia Press [Une des boîtes de Girodias, créée à Paris en 1953, dans laquelle ce dernier publia en français Henry Miller, Sade, Beckett, Lolita de Nabokov, Trocchi et nombre de livres cochons], Wasserman était la femme de son avocat.
Si vous lisez les journaux, vous savez peut-être que le « salaud » est mort hier à l’âge de cent ans et quelques mois. Les lecteurs américains pourront peut-être, bientôt, lire Président Kissinger dans sa langue d’origine. C’est ainsi que le malheur de l’un fait parfois le bonheur des autres.