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le vieux monde qui n'en finit pas
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16 décembre 2009

Lettre de prison (solution)

Voici la solution, en forme de « Lecture pour tous », à la devinette du 13 courant [clic]. Tout le monde a donné la réponse. J'en déduis que la question était trop facile ou que le blog est fréquenté par plus de sadistes lettrés que de sombres célinomanes.
[Allez, on ne parle plus de ce bouffon de Céline. Promis.]

Les deux phrases citées étaient extraites de 50 lettres du marquis de Sade à sa femme, publiées par les éditions Flammarion sous la responsabilité de Jean-Christophe Abramovici et Patrick Graille, préfacées par Pierre Leroy, dans le texte de Cécile Guilbert. Les 256 pages de cet ouvrage magnifique ne coûtent que 50 €. Il s'agit, nous informe l'éditeur, d'une «reproduction en fac-similé des manuscrits d'une cinquantaine des lettres que le marquis de Sade envoya de prison à sa femme, Renée-Pélagie, entre le 6/3/1777 et le 25/11/1799». (La lettre citée ici datait du 20/2/1780.) Avec leur transcription en français moderne.

sade

Prière d'insérer :
« 50 lettres du marquis de Sade à sa femme, 1777-1799. En 1776, Sade vit ses dernières heures de liberté. Il a trente-cinq ans. S'il a déjà connu de courts séjours en prison, "l'affaire de Marseille", nouvelle histoire de débauche qui éclate en 1772, lui vaut une peine qu'il ne soupçonnait pas: une condamnation à mort, par contumace car le marquis s'enfuit en Italie. En 1775, "l'affaire des petites filles" lui adjoint treize ans supplémentaires de prison. Arrêté à Paris le 13 février 1777, il est conduit au château de Vincennes mais garde la vie sauve grâce à une lettre de cachet; il en sort en 1790. Il ne sait pas alors qu'il connaîtra encore treize années de captivité, cette fois en asile de fous. Le jeune noble insouciant et friand de plaisirs se mue en un proscrit promis à une vie d'enfermement. C'est pourtant durant cette existence de reclus qu'il deviendra l'écrivain et l'épistolier que l'on sait. Cet "enragé de liberté", comme l'écrit Jean Paulhan, livrera dès lors, dans les lettres qu'il adresse à sa femme Renée-Pélagie, ultime et fidèle confidente, quelques-unes de ses plus belles pages. Au fil de ses courriers, Sade la supplie et l'insulte tout à la fois: il maudit sa mère la présidente, source de tous ses maux, lui réclame ses commissions d'un ton capricieux - bougies ou livres, cire d'Espagne ou "étuis" -, lui confie avec passion son désarroi et sa rage indéfectible. Il reste inflexible malgré tout: "Le malheur ne m'avilira jamais." Toujours aiguë, souvent tranchante, trempée parfois d'un humour féroce, sa plume révèle dans sa vérité nue l'homme furieux, fiévreux, et souffrant de ces entraves insupportables. À cela, pour seul remède, l'écriture, toujours, réclamant dans un souffle aux accents de prière "des livres des livres des livres au nom de dieu". »

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Commentaires
D
Oui, un grand merci, Alluria.
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T
Ah, merci beaucoup, Miss Alluria. <br /> La pièce avait fait un certain bruit à l'époque mais sauf erreur, n'est pas parvenue jusqu'à nos contrées lointaines (Je dis "nos" car DC est bruxellois, lui aussi)... Cela donne envie de creuser le lien Mishima-Sade. Nous y allons de ce pas.<br /> A+
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A
@DC<br /> Voilà, j'ai fait un coper- coller d'un site mais si vous tapez les mots clés...vous aurez bien plus. Moi, j'ai été subjuguée par le regard de ces femmes sur Sade, Sa femme entièrement dévouée à son époux, la petite soeur de celle-ci qui fut la maîtresse de Sade, la mère de celle-ci qui...<br /> Et Donatien en filigrane que l'on ne voit jamais, qui, au moment où il va sortir de prison se trouve brusquement abandonné de son épouse voulant divorcer...<br /> <br /> Au coeur de cette pièce les lettres sur la Révolution Française et l'avènement d'une liberté de moeurs... dans une langue magnifique, raffinée, si juste... Que dire d'autre ?<br /> Voilà l'extrait du site :<br /> "Une œuvre imposante sur la liberté et l’abandon<br /> <br /> Faisant souffler sur cette Madame de Sade une aisance, une audace, une puissance créative de chaque instant, Hélène Alexandridis et Myrto Procopiou démontrent que le théâtre n’est jamais aussi beau que lorsqu’un interprète, réussissant à dépasser toute appréhension du vide, atteint un tel point de liberté et d’intensité que le temps de la représentation semble alors se suspendre. C’est un de ces saisissements temporels et artistiques que les deux comédiennes accomplissent ici, emportant avec elles l’ensemble de la distribution dans des mises en perspective passionnantes sur les notions de liberté et d’abandon, d’affranchissement et de conditionnement. Situant sa pièce entre 1772 et 1790, dans la France révolutionnaire, Yukio Mishima propose en effet une matière à réflexion très aiguë sur le sens à donner aux concepts de choix et d’insurrection individuels. Car, face à l’ombre envahissante d’un marquis de Sade absent pour cause d’emprisonnement, chacune de ces figures féminines est renvoyée aux conflits obscurs, aux pensées brûlantes qui déterminent son rapport à l’amour, à l’honneur, aux normes sociales, à l’idée de révolte intime "<br /> Bien à vous
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D
Dites-en un peu plus, Alluria, ça m'intéresse.
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A
J'ai vu l'an dernier une pièce de théâtre, Madame de Sade de Yukio Mishima mise en scène de Jacques Vincey. "Sade à travers le regard des femmes". Un grand moment !
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