François Bott 1935-2022
La semaine dernière, François Bott a cassé sa pipe. Il était né en 1935. Avant d’écrire ses propres livres (25, à vue de nez), il s’est beaucoup intéressé à ceux des autres. Après avoir participé à la création du Magazine littéraire, par exemple, il fut le patron, pendant une dizaine d’années, du « Monde des livres ». Pour la petite histoire: il eut la gentillesse d'y publier le compte rendu, rédigé par mézigue, de l’Anthologie de la subversion carabinée de Noël Godin. Ce fut, sauf erreur, la première recension dans la presse de ce livre génial. Ce fut ma première et dernière intrusion dans Le Monde. Une autre anecdote, que narre Raphaëlle Rérolle dans la nécro qu’elle lui consacre dans le journal d’avant-hier: « En 1978, une tribune de Jean Genet parue dans Le Monde provoque des remous en interne. L’écrivain y prend le parti de la "bande à Baader" (la Fraction Armée Rouge) [...] Au cours d’une assemblée générale où le débat fait rage, un homme mince, pipe à la bouche, se lève soudain et prend la parole. "Quand on publie à longueur de colonnes des hommes politiques de pensée médiocre et de style plus médiocre encore, on peut une fois publier le texte d’un grand écrivain, fût-il injuste." » François Bott, on le regrette déjà. Avec une pensée pour feu Henry Bertieux, qui fit la jonction.